Plusieurs documents des Archives municipales de La Rochelle mentionnent le nom « Lumière » en qualité de photographe lors de ce voyage présidentiel, à savoir la liste des voitures spéciales de la presse, la liste des trente membres de la presse parisiennes hébergés au lycée de la ville, et un plan de la disposition des convives à un banquet donné dans la ville. Ce nom désigne probablement le Cinématographe Lumière représenté par Charles Moisson, dont un document de l’Élysée mentionne la présence : « Voyage dans l’Ouest. — 19 – 28 Avril 1897. — Journaux de Paris. Partant de Paris : photographe, Moisson. Ont reçu : 1- Les permis pour voyager par le train présidentiel pendant tout le voyage ; 2- Une autorisation d’embarquer sur l’Élan. » (Archives de France, Voyages présidentiels, cote 1AG).

« Voyage présidentiel dans l’ouest de la France. — Le président de la République vient d’achever le voyage qu’il avait entrepris dans l’Ouest, à travers les départements de la Vendée, de la Loire-Inférieure et de la Charente-Inférieure… C’est d’abord, en suivant l’ordre chronologique, le 20 avril, l’inauguration de la statue élevée à Paul Baudry, à la Roche-sur-Yon, ville natale de l’illustre peintre, en présence du président, de M. Méline, de M. Barthou, de M. Rambaud, ministre des Beaux-arts, d’une délégation de l’Institut et de M. Gérome, auteur du monument. C’est ensuite, le 21, l’arrivée de M. Félix Faure à Nantes, où il est reçu à la gare de l’État par l’amiral Besnard, ministre de la Marine, assisté des autorités du département. Le 22, le président de la République s’embarque à bord de l’aviso l’Élan, pour descendre la Loire. Il s’arrête au Carnet, où des membres de la Chambre de Commerce de Nantes lui offrent un banquet sous une tente et dont le prétexte est l’inauguration définitive du canal maritime ouvert à l’exploitation depuis plusieurs années déjà. Le même jour, débarquement à Saint-Nazaire. Là, le spectacle de la foule empressée est vraiment intéressant : on y remarque les paludiers du Bourg de Batz et de Queniguen, vêtus de leurs costumes de gala. Le 23, aux Sables d’Olonne, autre tableau vivant, non moins curieux : c’est le bal des Sablaises, en jupe courte, en corsage de couleurs et en sabots, conduites avec un entrain endiablé par des cavaliers dont le costume révèle également son origine espagnole. Enfin, dans la journée du 25 avril, la vieille ville de La Rochelle avec ses anciens remparts et sa porte de la Grosse-Horloge, datant du quatorzième siècle, fournit un merveilleux décor au déploiement du cortège présidentiel. » (L’Illustration, Paris, n° 2827, 1er mai 1897, p. 352).

« […] À partir d’aujourd’hui, toute une série de très belles scènes animées prises pendant le voyage du président de la République en Vendée, qui reproduisent avec une scrupuleuse fidélité les étapes les plus curieuses du voyage présidentiel. C’est d’abord à l’arrivée du luxueux train, construit à l’occasion du voyage du czar en France, que l’on assiste, puis le Cinématographe transporte le spectateur à La Roche-sur-Yon devant le monument de P. Baudry et montre le président de la République inaugurant ce monument. Les moindres faits et gestes de notre président ont été enregistrés, et même, avec un peu d’habitude, on peut arriver à saisir ses discours. Dans une autre scène, le président de la République revenant de l’inauguration, est entouré d’un grand nombre de personnages officiels, tous très facilement reconnaissables. Deux vues prises à La Rochelle, représentant l’une : l’arrivée du président à l’arsenal, l’autre un panorama pris en bateau, qui procure au spectateur l’illusion d’un agréable voyage en mer, forment, avec la remise des décorations à Saintes, la partie la plus intéressante du nouveau programme. » (Lyon républicain, Lyon, 9 mai 1897).

« De nouvelles scènes animées du voyage du président de la République en Vendée succèdent, à partir d’aujourd’hui, à celles qui ont été tant admirées la semaine passée. C’est d’abord à l’île de Ré que le Cinématographe nous transporte et nous fait assister au débarquement du président de la République et de sa suite, puis il nous montre le cortège présidentiel arrivant aux Sables d’Olonne et la fanfare des Sablais exécutant à ce moment un des meilleurs morceaux de son répertoire. Une des vues les plus remarquables de cette nouvelle série est assurément le bal donné aux Sables d’Olonne en l’honneur du président de la République auquel Sablais et Sablaises prennent part en costumes du pays, qui donnent à cette fête un caractère d’originalité tout spécial. Le cortège présidentiel sortant de la gare de Saintes constitue également une intéressante scène qui est suivie d’une courte station à Rochefort, pendant laquelle une enfant vient offrir des fleurs au président et lui récite un compliment qu’il écoute très attentivement, puis embrasse l’enfant. » (Lyon républicain, Lyon, 16 mai 1897).