Cette série dite fantasmagorique comprend des vues plus longues, avec des scénarios plus élaborés, où le montage est utilisé pour des substitutions d’objets ou des apparitions de personnages, procédé déjà largement diffusé entre autres par Méliès. Le premier effet de ce type semble apparaître pour la première fois chez Lumière dans les vues n° 292 et 293. Si d’autres productions excellent dans le genre, ce ne sera pas là une particularité formelle des vues Lumière qui ne recensent qu’une part infime de formes de trucages. Il est à noter que la nouvelle numérotation de ces vues (la numérotation originelle va de 2001 à 2013, alors que le numéro précédent est 1400), marque certainement le style nouveau de cette production qui semble toute entière due à l’initiative de Gaston Velle. En effet, un document manuscrit, qui a permis de lui attribuer plusieurs vues, mentionne qu’il fait ses premières armes à la société Lumière avant de travailler pour le compte de la société Pathé : « Premiers films d’Études chez MM. Louis et Aug. Lumière à Montplaisir [sic], Lyon : La Marmite diabolique – Mésaventures de Pierrot – Une séance au café – Tentation de St-Antoine – Le Manoir du diable ; et divers autres petits films. » (Gaston Velle, liste manuscrite [extrait], s.d., s.l., fonds Marie O’Connor Velle).

En outre, le tournage de ces vues réalisé avec deux Cinématographes, l’un équipé d’un pas Lumière, l’autre d’un pas Edison, explique peut-être l’apparition des premiers cartons Lumière. La nécessité d’inscrire un copyright à l’intérieur des images semble devenue nécessaire, car pour la première fois, les négatifs Lumière se sont plus identifiables par les perforations rondes puisqu’il existent désormais également dans une version à quatre trous. Le système américain a déjà supplanté les autres à cette date et c’est sans doute un moyen pour la société Lumière, de faciliter la duplication et donc la vente de sa production.