(1034) Puits de pétrole à Bakou. Vue d’ensemble
“La scène représente les bâtiments élevés au-dessus d’un puits ; une fumée épaisse se dégage.”
En 1899, il n’existe encore que deux centres d’exploitation du pétrole, en Pennsylvanie et à Bakou. Les sources exploitées (400) ne sont pas situées à Bakou même, où se trouvent en revanche les distilleries, mais à 12 kilomètres, sur le plateau de Balakhani-Sabountchi, relié à Bakou par un chemin de fer : « Bakou est, en Russie, le centre le plus important de l’exploitation pétrolière. Admirablement située sur la mer Caspienne, elle est le point où aboutissent d’innombrables tubes de fer qui amènent jusqu’à la côte les énormes quantités de pétrole accumulées dans les réservoirs de l’intérieur des terres. Cependant, jusqu’il y a une vingtaine d’années, la Russie laissait inexploitées les richesses immenses qui dormaient dans la presqu’île d’Apchéron. Par exemple, le débit des puits russes atteignit du premier coup des proportions extraordinaires. À peine la sonde avait-elle troué le roc qui enfermait la masse liquide, que des gerbes de pétrole se dressaient à des hauteurs insolites de dix à quinze mètres. (On cite même un jet qui parvint à quatre-vingt mètres de hauteur.) Mais cette médaille avait un vilain revers. Tandis que les sources américaines, presque toujours sages, ne laissaient guère perdre leur précieux liquide, les gisements russes, fantastiques et déréglés, brisaient souvent leurs entraves et se répandaient dans la campagne, où ils apportaient la tristesse et la désolation au lieu de l’aisance qu’on attendait d’eux. C’est alors qu’on songea à utiliser le sol accidenté de la presqu’île d’Apcheron. Dans l’impossibilité où l’on était de mettre l’huile dans des réservoirs de tôle à mesure qu’elle sortait des puits, on laissa couler les sources à leur aise, en dirigeant toutefois le liquide qui en jaillissait vers des anfractuosités de terrain où il vint se former de vastes lacs de pétroles. C’est là un aspect très particulier des centres pétroliers de la Russie. Ils ressemblent à des sortes de cités lacustres, mais où l’eau pure ombragée de verdure luxuriante est remplacée par des ondes épaisses et empuanties que fuient les oiseaux et les bêtes, et dans le voisinage desquelles les plantes ne poussent plus et les arbres meurent. » (Le Monde illustré, Paris, 16 février 1901, p. 117).
“La scène représente les bâtiments élevés au-dessus d’un puits ; une fumée épaisse se dégage.”
Les derricks dégagent des fumées noires.