Le Triograph était le nom d’exploitation en Grande-Bretagne du Cinématographe Lumière Spécial pour projections. Cet appareil non réversible y est exploité sous le nom de “ Lumiere’s Triograph ”, au moins depuis le 27 septembre 1897 (programme du Bedford Music Hall, Londres, collection John Barnes). Les nombreuses vues de Grande-Bretagne et d’Irlande présentées pour la première fois au Gatti’s par Alexandre Promio avec cet appareil, ont sans doute été tournées par lui, avant ou après son séjour en Russie.

« L’un des numéros importants était le Triograph. M. Promio, l’un des “ phares ” de la maison Lumière, était venu spécialement ce soir pour faire fonctionner l’appareil. Les merveilleux tableaux ont été chaleureusement applaudis, […] l’Alerte de pompiers, Le 13e hussards […]. Les possibilités des photographies animées semblent infinies ; telle est l’impression que nous a donnée une présentation privée donnée jeudi par M. Promio, de la célèbre maison Lumière, au théâtre Gatti’s (Road) où un certain nombre de vues anglaises et irlandaises étaient montrées pour la première fois. Ces photographies, comme nous l’a expliqué M. George Francis qui tenait le rôle de cicérone, ont été prises pour le compte de MM. Moss et Thornton, propriétaires des fameux music-halls, et seront présentées dans leurs salles en Angleterre, en Écosse et en Irlande. Plusieurs de ces scènes étaient panoramiques, car prises depuis un objet en mouvement. On nous montra ainsi d’excellentes vues de la Mersey et des docks de Liverpool, prises du chemin de fer aérien. Parmi de belles scènes de Dublin, on notait O’Connell Bridge et Sackeville Street ; la sortie de la brigade de pompiers de Dublin et les sauts de haies d’une compagnie de cavalerie donnaient des tableaux pleins d’animation et d’activité. Le public a eu également l’occasion de voir le paysage de Blackrock, la campagne autour de Drogheda, une rue de Belfast ainsi que d’autres endroits intéressants. Il ne sera proposé qu’une sélection de ces nombreux tableaux ; la présentation devrait être un succès d’autant que, avec le Triograph, la vibration, bête noire des photographies animées, brille par son absence. » (The Era, Londres, 23 octobre 1897, p. 18-19).